Retour sur la 3e édition du MOOC "Transition énergétique"

La 3e édition du MOOC "Energy Transition: innovation towards a low-carbon future" d’IFP School a été diffusée du 8 mars au 10 avril 2021 avec le soutien de TotalEnergies Foundation et en association avec la Fondation Tuck.

Jean-Pierre Deflandre, chef du projet, revient sur cette expérience réussie.
 

Portrait de Jean-Pierre Deflandre


1.    Cette 3e session a attiré 11 430 inscrits. Quel bilan tirez-vous de ce nouveau succès ?

Nous sommes très heureux de la participation suscitée par cette nouvelle édition. Nous sommes particulièrement fiers de la diversité des profils des apprenants : 64 % sont des professionnels et 26 % sont des étudiants ; et de sa portée internationale : plus de 137 pays sont représentés. La France et le Nigéria sont les deux pays les plus actifs avec plus de 2 000 inscrits chacun, suivis de l’Argentine, de la Colombie, du Brésil et du Mexique avec un nombre de participants compris entre 450 et 700.

Par ailleurs, le nombre de participants francophones a augmenté de 70 % par rapport à l’édition 2020 et le nombre d’hispanophones a également augmenté de 17 %, portant ces deux communautés réunies au même niveau que la communauté anglophone. Je rappelle que le MOOC est dispensé en anglais avec des sous-titres en français et en espagnol. Ces résultats sont importants car ils montrent que nous sensibilisons de plus en plus la communauté internationale qui interagit avec IFP School.

Le MOOC a également enregistré un taux de complétion remarquable (nombre d’apprenants ayant terminé le cours) de 30,5 %, en forte hausse par rapport à 2020 (+20 %), bien au-dessus de la moyenne pour un MOOC, qui se situe entre 5 et 10 %. Ce résultat est d’autant plus significatif que ce MOOC est totalement gratuit (risque d’absentéisme, en anglais le "no show" plus élevé). Il traduit aussi un fort intérêt pour le programme proposé et l’approche pédagogique déployée, tant de la part des étudiants que des jeunes professionnels.

Depuis le lancement de la première édition du MOOC en mars 2019, plus de 49 000 inscrits se sont initiés aux enjeux énergétiques et aux défis techniques à relever pour contribuer à un monde plus durable.

2.    Pour cette édition 2021, vous avez proposé de nouveaux contenus sur l’hydrogène. Pourquoi avez-vous décidé d’aborder cette thématique ?

Ce MOOC s’intéresse aux solutions et aux innovations durables pour un mix énergétique décarboné s’appuyant sur le scénario (<2°C) correspondant à l’Accord de Paris. Son contenu reflète les nouvelles orientations des programmes d’enseignements d’IFP School. De fait, il n’est pas exhaustif de la panoplie des solutions envisagées, mais en aborde une très grande partie avec notamment : le développement des énergies renouvelables, l’essor du gaz, la réduction significative des émissions anthropiques de CO2, le stockage d’énergie, la décarbonation et l’efficacité énergétique des procédés. 

Dès la première édition, il était prévu d’intégrer le dihydrogène dont la production industrielle décarbonée est directement liée avec les sujets abordés, et ceci quelle qu’en soit la couleur (vert ou bleu). Nous avons choisi de l’aborder en conservant la structure du MOOC, mentionné comme possible géoressource, il prend toute sa place comme vecteur d’énergie associé au développement de l’éolien offshore à grande échelle.  On peut imaginer que l’hydrogène sera à terme une composante de l’essor du gaz et de la décarbonation même si certains scenarios nous semblent encore assez futuristes (à grande échelle).

Dans la transition énergétique, le gaz jouera probablement un rôle majeur et pérenne à l’échelle de ce siècle après de probables évolutions quant à son origine et sa composition. L’important est de développer des solutions innovantes ne présentant pas de phénomène de rebond qui viendrait paradoxalement contrecarrer les efforts entrepris du point de vue du développement durable et de la lutte contre le dérèglement climatique.

Aujourd’hui, l’hydrogène est considéré comme une technologie d’énergie propre prometteuse. De nombreux pays comme l’Australie, les États-Unis ou encore le Japon, ont annoncé des investissements considérables. Il était plus qu’évident de l’inclure dans notre programme.

3.    Il n’y a pas que les apprenants qui gagnent en compétences lors d’un MOOC. Quelles leçons en termes de pédagogie tirez-vous de cette expérience ?

Dès le lancement du premier MOOC d’IFP School en 2014, l’équipe du Lab e·nov (le laboratoire des cultures digitales d’IFP Energies nouvelles) a souhaité que nos MOOCs soient aussi des espaces d’expérimentation et d’évaluation pour de nouvelles approches pédagogiques. Ainsi, nous avons complété nos vidéos de cours avec des supports téléchargeables, mis en place une évaluation ludique et des forums interactifs destinés à la communauté apprenante. Ces forums permettent notamment d’approfondir certains sujets ou d’en élargir le périmètre. Nos collègues chercheurs à IFP Energies nouvelles contribuent également aux contenus du MOOC et, en parallèle des cours, nous avons ajouté des bonus de différents types : des compléments illustrant une technologie du secteur industriel, l’interview d’un expert ou d’un responsable de projet, celui d’un jeune professionnel de la transition énergétique ou bien encore un jeune chercheur. L’idée est que l’apprenant puisse aussi se projeter concrètement dans le contexte de la transition énergétique.

Nous portons également une grande attention au suivi de chaque apprenant afin de le motiver. Cette année encore, grâce au travail de ma collègue Marie de la Villèsbrunne, nous avons fortement réduit le phénomène de "no show" en invitant chaque inscrit à devenir un acteur de son propre apprentissage ; le contenu du MOOC et le suivi faisant le reste pour que nous aboutissions à un tel taux de complétion ! L’accompagnement de l’apprenant lui apporte la motivation ; la communauté d’apprenants, le soutien. Aller au bout du programme devient alors un objectif réaliste.

Ces démarches, remises dans le contexte de nos programmes d’enseignements, viennent compléter et enrichir des actions pédagogiques plus conventionnelles. Elles sont désormais attendues par nos élèves, ceci d’autant plus que le distanciel a pris une place considérable du fait de la situation sanitaire. À notre équipe de faire en sorte que cette nouvelle contrainte devienne une nouvelle flèche à notre arc pédagogique !

4.    Après ce succès renouvelé, pouvons-nous espérer une nouvelle édition ?

La question se pose chaque année. Proposer un MOOC gratuit, ouvert à tous a un coût financier et humain. J’en profite ici pour remercier la TotalEnergies Foundation qui depuis le début nous soutient dans ce projet, ce qui nous a permis de le partager et de l’enrichir au fil du temps.

Le format de ce MOOC est dense (près de cinq semaines représentant chacune entre 2 et 3 heures de travail personnel). On peut imaginer qu’il soit proposé sous forme de modules plus courts et plus fréquemment disponibles. On nous demande aussi de couvrir encore plus de sujets, parfois non abordés au sein de nos programmes, de les personnaliser en les adaptant à un contexte donné. De plus, la thématique est par essence dynamique et en constante évolution, il nous faut rester pertinents. Bref, évoluer c’est vivre, nous verrons ce qu’il en est quant à la forme, mais très certainement nous ne nous arrêterons pas en si bon chemin en termes de diffusion des connaissances sur un sujet qui concerne toute la société.

Entretien réalisé par Meyling Siu