Entretien avec Pascal Longuemare, nouveau Directeur du Centre Motorisations et mobilité durable
Pascal Longuemare a pris la tête du Centre Motorisations et mobilité durable le 4 janvier 2021 en remplacement de Pierre Duret, qui a fait valoir ses droits à la retraite.
1. Quel a été votre parcours avant de rejoindre l’École ?
Diplômé de Polytech Lille, je suis docteur en mécanique des matériaux et des structures de l’université de Lille.
J’ai réalisé l’ensemble de ma carrière à IFP Energies nouvelles. J’ai rejoint le groupe en 1996 en tant qu’ingénieur de recherche au sein de la direction Mécanique appliquée.
Au début des années 2000, j’ai été en charge de projets industriels et détaché chez Total.
En 2001, j’ai pris la responsabilité du département Géomécanique, puis trois ans plus tard celle du département Génie mécanique axé sur le développement de technologies pour les domaines des ressources énergétiques, du transport et des procédés. En parallèle, j’ai mené deux missions transverses dédiées à l’optimisation des processus de production.
De 2013 à 2020, j’ai dirigé le département Expérimentation, orienté principalement vers la conception d’équipements technologiques et la caractérisation-qualification de matériaux, fluides et procédés à l’échelle du laboratoire.
Je suis très heureux de rejoindre l’École et de mettre mon expertise au profit du développement de l’offre de formation et des synergies industrielles dans les domaines des technologies, des nouvelles énergies et de la digitalisation.
2. Le secteur des motorisations change en profondeur. La mutation numérique s’accélère. De plus, de nombreux constructeurs automobiles ont récemment annoncé leur intention de ne plus fabriquer de véhicules essence et/ou diesel dans les années à venir. Comment IFP School se prépare à ce virage stratégique ?
Si l’avenir de la mobilité est décarboné, ce n’est pas pour autant une fin immédiate du moteur à combustion. En effet, nous assistons à un engouement pour les véhicules électriques et hybrides. Mais je rappelle que les véhicules hybrides sont équipés d’un moteur thermique accouplé à une motorisation électrique. Le moteur à combustion possède une efficacité poids-volume supérieure à celle de l’électrique en raison de la batterie et son prix est abordable. De plus, n’oublions pas qu’il reste beaucoup de travail à faire sur l’infrastructure de recharge.
Le Centre Motorisations et mobilité durable a entamé le grand virage vers l’électrification et l’hybridation dès la rentrée 2018. Nos cinq programmes de formation ont été adaptés pour accroître la part des cours portant sur ces deux technologies. Nous avons à l’époque fortement augmenté cette part pour atteindre aujourd’hui environ 50 % des enseignements dans nos programmes Énergie et motorisations et Powertrain Engineering. Les programmes Électrification et propulsion automobile et Groupes motopropulseurs électriques, hybrides et thermiques sont quant à eux pleinement orientés sur cet axe.
De plus dans le cadre du programme Énergie et produits, nous continuons à renforcer nos enseignements sur les carburants alternatifs liquides et gazeux, notamment l’hydrogène et le biogaz ainsi que sur la production d’électricité en visant l’optimisation du couple Produits (carburants, lubrifiants, etc.) – Machines (motorisations, turbines à gaz, solaire, etc.).
Enfin, nous travaillons également sur l’axe véhicule électrique, connecté et autonome dans le cadre de la Chaire de recherche et d’enseignement ECAV.
3. Quelle est votre vision de l’avenir de la mobilité ?
L’avenir de la mobilité sera basé sur un mix de technologies et d’énergies associées à la multiplicité des fonctionnalités recherchées du véhicule urbain jusqu’au transport de marchandises longue distance. Pour des véhicules légers et le transport "dernier kilomètre", une forte croissance de l’électrification est en cours alors que les solutions technologiques seront très diversifiées, spécifiques et hybridées pour les autres applications.
De nouvelles sources d’énergie décarbonée comme l’hydrogène et l’ammoniac par exemple sont étudiées et pourront sensiblement impacter les architectures des groupes motopropulseurs pour tendre vers des motorisations neutres en carbone et à zéro émission de polluants.
Pour finir, les recherches actuellement menées sur le véhicule électrique, connecté et autonome et les résultats prometteurs apportés par les démonstrateurs existants offrent de nouvelles perspectives qui modifieront profondément notre vision du transport partagé.
Entretien réalisé par : Meyling Siu