Entretien avec Ludivine Pidol, responsable du Mastère Spécialisé® "Groupes motopropulseurs électriques, hybrides et thermiques", El Hadj Miliani, enseignant au Centre Motorisations et mobilité durable, et Clément Cahagne, responsable des Pôles Innovations pédagogiques et Réalités immersives du Lab e·nov, le laboratoire des cultures digitales au service d’IFP School et du groupe IFPEN.
Les contenus immersifs continuent à investir les programmes de formation d’IFP School. Accompagnée par la société tarnaise Numix, une équipe d’enseignants du Centre Motorisations et mobilité durable d’IFP School et du Lab e·nov, développe depuis le mois de mai dernier deux nouveaux modules en réalité virtuelle sur la thématique des groupes motopropulseurs électrique et hybride.
Ces deux modules sont destinés à l’ensemble des programmes du Centre, à savoir les trois programmes ingénieur spécialisé (Énergie et motorisations, Powertrain Engineering, Énergie et Produits), le Mastère Spécialisé® "Groupes motopropulseurs électriques, hybrides et thermiques" et le master orienté recherche "Électrification et propulsion automobile".
Les premiers développements ont été déployés et testés fin octobre par les élèves des programmes Powertrain Engineering (PWT) et Énergie et motorisations (MOT).
1. Pourquoi avez-vous décidé de créer ces modules ?
Ludivine Pidol : au début de leur scolarité, les élèves des programmes Énergie et motorisations (MOT) et Powertrain Engineering (PWT) effectuent un stage de quatre jours sur le montage d’un moteur thermique au Groupement National pour la Formation Automobile (GNFA).
Un stage équivalent sur moteur électrifié nécessiterait une habilitation électrique spéciale en raison des normes de sécurité. C’est un exercice sous haute tension. Il ne s’agit pas de porter de simples chaussures de sécurité et des gants !
Ces deux nouveaux modules en réalité virtuelle viennent compléter les travaux pratiques réalisés lors du stage GNFA et permettent à nos élèves d’apprendre et de reproduire des gestes professionnels en toute sécurité.
2. En quoi consistent les modules ? Quels sont les objectifs pédagogiques ?
El Hadj Miliani : ces modules s’inscrivent dans l’unité d’enseignement "véhicules électrifiés et hybrides, batteries et transmissions" commune aux deux programmes.
Ces contenus interactifs et immersifs sont des compléments aux traditionnels ateliers de mise en pratique. Notre objectif est de permettre aux élèves d’examiner un groupe motopropulseur électrifié et/ou hybride dans un environnement sécurisé, à moindre coût et au plus près de la réalité. Notre approche pédagogique est basée sur trois étapes : apprendre, valider et faire. Nous souhaitons ainsi proposer un apprentissage différent dans lequel ils/elles se sentent plus engagé(e)s dans leur formation.
En octobre et en novembre, à la suite des cours théoriques sur les technologies des véhicules électriques et hybrides, les élèves des programmes PWT et MOT se sont rendus en sous-groupes de dix dans les nouveaux locaux du Lab e·nov.
|
La formation s’est déroulée en plusieurs temps. Les élèves ont tout d’abord travaillé dans les "Active Learning Rooms" du Lab e·nov et ont reproduit sous forme de schéma les architectures électriques et hybrides des moteurs sur les écrans numériques telles qu’elles ont été présentées lors des enseignements théoriques. Cela a permis de revoir certaines notions et de réactiver les connaissances ! Ensuite, équipés de casques virtuels et de contrôleurs, les élèves ont appliqué leurs savoirs au travers de trois activités : une première dans laquelle ils/elles ont dû identifier les différents composants du groupe motopropulseur électrique ou hybride (batteries, électronique de puissance, motorisations électriques, etc.), puis une deuxième dans laquelle ils/elles ont dû reconstruire le groupe motopropulseur à partir des éléments disposés sur un établi. Ils/elles les ont repositionnés sur un châssis nu, puis ont réalisé le câblage de l’ensemble en prenant en compte les contraintes techniques et les risques électriques.
Les élèves ont également pu visualiser les flux de puissance et d’énergie selon les différents modes de fonctionnement des véhicules (traction, récupération d’énergie, recharge, etc.), ce qui a constitué la troisième activité : une aide utile dans la compréhension globale de ces systèmes complexes !
3. Quelles ont été les étapes de conception de ces modules ? Et quels ont été les premiers retours d’expérience ?
Clément Cahagne : après avoir imaginé et scénarisé les activités pédagogiques en réalité virtuelle, nous avons travaillé en étroite collaboration avec Numix, société spécialisée dans la conception de capsules pédagogiques immersives.
Afin d’obtenir un rendu réaliste, nous leur avons fourni divers supports pédagogiques, des images et des vidéos des différents éléments à développer dans l’environnement 3D ou encore des schémas des composants des deux groupes motopropulseurs électrique et hybride.
En parallèle du développement des modules avec Numix, nous avons travaillé au déroulé pédagogique global du cours. Il est en effet primordial d’encadrer ces temps de pratique dans les casques de réalité virtuelle par des séquences magistrales, des temps de briefing et de debriefing en amont et en aval des phases immersives, ou encore des activités de travail en groupe. Utilisés seuls, sans encadrant et sans parcours pédagogique réfléchi, les modules immersifs perdent en intérêt, et c’est toute l’efficacité pédagogique du cours qui est amoindrie !
Nous avons lancé une enquête afin de recueillir les avis d’une soixantaine d’élèves et d’apporter les améliorations nécessaires aux modules.
Un troisième module de réalité virtuelle portant sur les batteries est également en cours de conception. L’idée : permettre aux élèves de visualiser tous les éléments constitutifs d’un pack batterie. Ce dernier étant souvent considéré comme une "boîte noire" fournissant l’énergie nécessaire au véhicule électrique ; la réalité virtuelle visera à aider à la compréhension de cet élément en le construisant en partant de zéro !
Entretien réalisé par : Meyling Siu