Entretien avec la nouvelle Coordinatrice du label DD&RS à IFP School

Perrine Babin
Perrine Babin, enseignante au centre Procédés pour l’énergie et la chimie et Coordinatrice du label DD&RS

Depuis plus de dix ans, IFP School a inscrit au cœur de sa stratégie les problématiques de développement durable et de responsabilité sociétale. De par sa mission, elle se doit d’être exemplaire en la matière.

Pour concrétiser la reconnaissance de ses actions, l’École s’est lancée dans la démarche de labellisation DD&RS et vient de nommer Perrine Babin, enseignante au centre Procédés pour l’énergie et la chimie, Coordinatrice du label DD&RS, en remplacement d’Alain Auriault qui fait valoir ses droits à la retraite.

En matière de RSE, Perrine nous explique les motivations et les actions à développer pour l’obtention du label DD&RS.

1.   Qu’est-ce que le label DD&RS et pourquoi IFP School souhaite-t-elle l’obtenir ?

Le label Développement Durable et Responsabilité Sociétale (DD&RS) a été créé en 2015 par une dizaine d’universités et de grandes écoles, la Conférence des grandes écoles (CGE), la Conférence des présidents d’université (CPU), le Ministère en charge du développement durable, le Ministère en charge de l’enseignement supérieur et le Réseau des étudiants pour une société écologique et solidaire (RESES).

Ce dispositif de labellisation vise à valoriser les actions et l’engagement des établissements d’enseignement supérieur et de recherche français en matière de développement durable et de responsabilité sociétale.

Le label DD&RS est basé sur un référentiel national (ex-Plan Vert), outil d’auto-diagnostic, issu de l’article 55 du Grenelle 1 de l’environnement. Systémique, il intègre les 17 Objectifs de développement durable (ODD) et est structuré autour de cinq axes : stratégie et gouvernance, enseignement et formation, recherche et innovation, environnement, et politique sociale. Il est attribué pour une durée de quatre ans.

IFP School est fortement engagée dans la transition écologique. Elle forme les futures générations d’ingénieur(e)s, toujours plus soucieuses de l’environnement, aux différents enjeux climatiques et sociétaux. Cet engagement implique l’intégration du développement durable et de la responsabilité sociétale dans la stratégie, le fonctionnement et le contenu des programmes de l’École. Par cette démarche de labellisation, elle s’engage à poursuivre sa transformation et à mieux se structurer pour former les ingénieur(e)s qui construiront le monde décarboné de demain.

Cette labellisation s’inscrit également dans la démarche d’amélioration continue d’IFP School qui mobilise de nombreux acteurs en interne (enseignants, enseignants-chercheurs, personnel administratif, élèves).

Enfin, l’obtention de ce label permettra de mettre davantage en lumière l’engagement de l’École, de renforcer sa visibilité et son attractivité, constituant un gage de qualité tant pour les candidat(e)s que pour les entreprises.

2.   En quoi consistent vos nouvelles missions en tant que Coordinatrice du label DD&RS ?

Dans un premier temps, mon travail va consister à mener à bien le dossier de labellisation et à le déposer à échéance de l’été 2023. Une fois le label obtenu, il conviendra de le faire vivre en pilotant et animant la mission DD&RS, composée de collègues aux profils variés et engagé(e)s sur la base du volontariat.

Concrètement, chaque année, je présenterai au Comité de direction de l’École un plan d’actions et un budget associé pour la démarche DD&RS ; je devrai également veiller au respect des différents objectifs retenus et réaliser le reporting afférent.

Je représenterai également l’École auprès des instances de la communauté DD&RS (CGE, CDEFI, CIRSES et organisations étudiantes) et assurerai en retour le relais des informations vers l’École.

3.   Comment IFP School s’organise-t-elle pour obtenir cette labellisation ?

Nous souhaitons déposer notre dossier de candidature cet été, pour qu’il soit évalué lors de la session d’octobre 2023. Pour cela, nous avons mis en place une task force et avons fait appel à un cabinet spécialisé qui nous accompagne dans la démarche.

Notre priorité pour les semaines à venir est de répondre aux exigences de chacun des axes en termes d’indicateurs et de documents de référence à fournir, attestant du travail déjà accompli. À partir de là, nous pourrons définir notre plan d’actions et notre trajectoire pour les années à venir.

En parallèle, nous impliquons toutes les parties prenantes, et notamment nos élèves, pour assurer la pérennité des actions déjà menées et établir les projets à venir.

4.   Pouvez-vous nous donner des exemples d’actions déjà menées au sein de l’École autour du développement durable et de la responsabilité sociétale ?

Plusieurs actions et projets sont d’ores et déjà mis en place au sein d’IFP School.

Pour n’en citer que quelques-uns… En ce qui concerne la formation, depuis quelques années, tous nos programmes ont été revus pour intégrer les enjeux de la transition énergétique. Pour la promotion en cours, en dehors des fondamentaux applicables également aux nouvelles énergies (40 % des enseignements), la moitié des enseignements concernent les nouvelles technologies de l’énergie.

À titre d’illustration, deux groupes d’élèves issus des programmes Énergie et procédés et Processes and Polymers ont participé à l’atelier collaboratif « La Fresque du plastique ». C’était une grande première à IFP School ! L’atelier a amené les élèves à réfléchir sur des solutions possibles tant au niveau des comportements individuels, qu’au niveau sociétal et également en tant que futur(e)s diplômé(e)s, sur leur rôle au sein des industries dans lesquelles ils et elles travailleront.

La Direction de l’École a également souhaité engager le personnel administratif et enseignant face aux enjeux du climat, en programmant à l’occasion du séminaire de rentrée, fin août, l’atelier « 2 tonnes » pour nous permettre d’identifier les leviers individuels et collectifs de la transition vers une société bas carbone, et la contribution possible pour chacun(e).

En matière de recherche, notre Adjoint scientifique à la Direction veille à ce que les quatre chaires de recherche et d’enseignement abordent toutes des thématiques dédiées à la transition énergétique, à savoir la gestion du carbone (chaire CarMa), les véhicules électriques, autonomes et connectés (chaire ECAV), l’électricité et la transition digitale (chaire ETD), et la thermodynamique des solvants aqueux utilisés dans les procédés de recyclage (chaire EleTher). Mais nous avons encore des marges de progrès pour que nos projets de recherche intègrent des critères DD&RS. Par exemple, les dimensions d’inter et de transdisciplinarité pourraient être mieux intégrées dans nos futurs projets.

En lien avec l’axe « Environnement » du label DD&RS, l’École s’est engagée depuis la rentrée 2022 à limiter au maximum les émissions de CO2 liées aux déplacements par avion des intervenant(e)s et des élèves (pour ces derniers dans le cadre des stages terrain).

Les cours à distance sont désormais systématiquement proposés aux intervenant(e)s résidant à l’étranger, à condition toutefois que la qualité pédagogique ne soit pas impactée. De plus, quand cela est possible, le trajet en train est privilégié. Enfin, nous travaillons à la mise en place d’un indicateur « Émissions CO2 ». Nos efforts ont déjà porté leurs fruits : nous avons enregistré une baisse de 48 % des émissions de CO2 sur l’année académique 2022-2023 !

Plus globalement, à l’échelle de l’École, le premier bilan des gaz à effet de serre (BGES) est en cours de réalisation avec la contribution des élèves. Ce bilan nous permettra d’établir un plan d’actions pour réduire nos émissions GES.

Parmi les actions du quotidien, je citerais également la suppression effective des bouteilles d’eau en plastique sur notre campus et la distribution des gourdes à l’ensemble des élèves ainsi qu’au personnel.

Pour terminer, je souhaiterais souligner l’engagement de nos élèves en faveur du développement durable depuis plusieurs années, de l’émergence de l’idée à la réalisation d’actions concrètes (campagne autour des écogestes et réduction des déchets plastiques, réalisation d’un guide du développement durable, collecte de vêtements au bénéfice du centre Emmaüs de Nanterre, etc.). Cette année, dans le cadre du groupe « Initiatives pour un campus durable », les élèves ont suggéré que l’impact environnemental des plats proposés dans le restaurant du campus soit affiché ; ce sujet est en cours d’instruction.

À suivre…

Entretien réalisé par Meyling Siu